Séminaire (sur site et à distance) en quatre séances les :
vendredi 10 décembre 2021, jeudi 20 janvier, lundi 31 janvier
et lundi 7 mars 2022
Participation libre sur inscription via ce lien
Sur site, les rencontres se tiendront dans les locaux du ministère des Solidarités et de la Santé, au 10/18 place des Cinq-Martyrs du Lycée Buffon à Paris (métro Gaîté, Pasteur ou Montparnasse) en salle 2154R. Il sera également possible de participer via un lien Teams qui sera envoyé aux inscrit·e·s avant la séance.
La Revue française des affaires sociales (RFAS) organise un séminaire scientifique sur le public sans-abri afin de préparer un dossier pour mars 2023. Depuis un numéro spécial en 2002, ce public a été peu abordé par la revue. En vingt ans, les problématiques ont évolué, les visages de la grande précarité se sont diversifiés, et les réponses d’un point de vue social et sanitaire ont elles aussi été amenées à se transformer. Ces évolutions justifient un nouveau numéro RFAS sur la question des sans-abri.
Quatre thématiques, et autant de séances, vont permettre de structurer les échanges et la réflexion. D’une première séance sur les enjeux de définition et de recensement à une dernière sur les effets de la crise sur le public, en passant par la caractérisation des vulnérabilités et de leurs prises en charge, l’objectif est à la fois de définir l’objet du dossier et de préciser les principales questions qu’il soulève. À la suite de ce séminaire, un appel à contribution sera diffusé en mars 2022 avec une réception des articles fixée à septembre 2022.
Première séance le vendredi 10 décembre 2021 de 14h00 à 16h30
Enjeux de définition et de recensement du public sans-abri
Cette séance permettra dans un premier temps d’engager une réflexion sur les enjeux liés à la définition de la catégorie de sans-abri et des frontières avec d’autres (sans domicile fixe, mal logé…). Il conviendra de revenir sur les nombreux débats et controverses autour de la qualification des types de public. Le séminaire pourrait ainsi aborder une perspective historique de la construction des catégories de la grande exclusion.
Le nombre de personnes classées comme sans-abri varie selon la définition retenue : la façon de définir le public produit donc des effets sur l’orientation des politiques sociales et constitue un enjeu tant méthodologique que politique. Comment, et par quelles méthodes, les sans-abri sont-ils dénombrés ? Quelles sont les pratiques statistiques nationales ? Comment s’articulent les pratiques de recensement d’organismes publics et celles d’acteurs de terrain engagés dans la visibilisation du phénomène ? Sur quels dispositifs méthodologiques reposent ces différents recensements ?
Enfin, la dimension expérientielle sera aussi thématisée dans cette séance introductive. Qu’est-ce qu’être sans-abri ? Comment les personnes « de la rue » se désignent-elles ? Comment est perçu le monde de l’assistance et du soin de leur point de vue ? Quelles sont les stratégies possibles pour pouvoir (sur)vivre en tant que sans-abri ? Toutes ces questions qui seront abordées en fin de séance permettront de faire le lien avec la thématique de la séance suivante.
Intervenant·e·s
Julien Levy, Chaire des Politiques Sociales Odenore, Laboratoire Pacte, Université Grenoble Alpes. Réflexion sur la catégorie des grands exclus.
Pierre-Yves Cabannes, Chef du bureau Lutte contre l’exclusion, DREES, Photographie de l’hébergement d’urgence.
Jean-François Krzyzaniak, ancien de la rue, formateur, Suis-je sans-abri ?
Deuxième séance, jeudi 20 janvier 2022 de 14h à 16h30
Les vulnérabilités des « sans-abri »
Cette seconde séance discutera l’hétérogénéité de la figure du « sans abri » aujourd’hui. En effet, plus la connaissance sur le public avance, plus sa diversité est mise en avant, loin de l’imaginaire du « clochard ». Est-il possible d’établir une sociographie de la population sans-abri aujourd’hui en France ? Se distingue-t-elle d’autres pays européens ? Existe-t-il des populations plus vulnérables ou plus invisibles ? Les intervenant·e·s présenteront les problématiques spécifiques de certaines catégories de personnes.
C’est aussi la caractérisation de leur vulnérabilité qui sera discutée dans le séminaire. En effet, le public sans-abri cumule généralement de nombreuses vulnérabilités. En fonction de leur définition, de leur priorisation, les modalités de prises en charge vont varier, généralement entre perspectives sécuritaires, sociales ou sanitaires.
Cette séance présentera les facteurs de précarisation et la dimension iatrogène de certains dispositifs. Ainsi les procédures à destination des populations migrantes participent à une forte irrégularisation des personnes. Dans de nombreuses métropoles, le public sans-abri est composé d’individus issus de la demande d’asile ou de mineurs non accompagnés (reconnus ou non) ; ce qu’il importera de documenter dans ce séminaire, plus particulièrement au regard des enjeux de prise en compte du traumatisme.
Intervenant·e·s
Marine Maurin, Chercheuse à l’ENSEIS, Centre Max Weber, CREMIS, Les vulnérabilités fondées sur le genre.
Gabriel Uribelarrea, Sociologue, post-doctorant, Chaire Publics des politiques sociales, Université de Grenoble Alpes, Le souci des patients sans abri. Enquêter sur la relation de soin entre le monde médical et le monde de l’assistance.
Gwen Le Goff, Doctorante laboratoire Triangle, directrice adjointe Orspere-Samdarra, Enjeux organisationnels et politiques de la prise en compte des migrants dans les champs sociaux et sanitaires.
Troisième séance le lundi 31 janvier de 9h30 à 12h
Quelles prises en charge sanitaire et sociale des sans-abri ?
La troisième séance du séminaire questionnera la réponse publique face au phénomène du sans-abrisme. Si aujourd’hui il se présente comme un problème public, celui de la « vulnérabilité de l’habiter », une approche socio-historique recontextualisera cette perspective. En France, les politiques publiques d’urgence sociale centrées sur la mise à l’abri restaient jusqu’alors la réponse privilégiée de la puissance publique pour résorber le problème du sans-abrisme. Toutefois depuis 2017, elle promeut une politique de « logement d’abord » pour sortir de ce modèle que beaucoup jugent aujourd’hui inefficient. Le plan quinquennal (2018-2022) pour le « Logement d’abord » et la lutte contre le sans-abrisme s’est articulé autour de cinq grandes priorités : la production et la mobilisation de logements abordables, l’accélération de l’accès au logement, l’accompagnement des personnes, la prévention des ruptures et la mobilisation des acteurs et des territoires. L’objectif principal était de donner à chacun un accès direct au logement par un accompagnement social adapté aux besoins des personnes, et par le déploiement de mesures préventives afin de favoriser leur inclusion sociale et professionnelle. Cette séance discutera les fondements de cette politique et les pratiques qui y sont associées ; plus particulièrement les celles d’aller-vers. Elle sera aussi l’occasion de considérer cette évolution dans un contexte international, avec des acteurs qui œuvrent à rendre effective une synergie entre territoires pour lutter contre le sans-abrisme.
Durant cette séance seront aussi abordés les dispositifs du champ sanitaire à destination des personnes en situation de précarité. De la création des Permanences d’Accès Aux Soins de Santé (PASS) en 1998 à la multiplication des équipes mobiles dans les années 2010, nombreuses sont les initiatives qui visent à prendre en charge les personnes qui n’accèdent pas aux dispositifs de soin classique. Enfin cette séance pourrait aussi discuter des prévalences plus importantes de certaines pathologies chez les sans-abri.
Intervenant·e·s
Mauricio Aranda, Chercheur postdoctoral, CRESPPA-LabTop, (Re)constructions du problème public et explicitation d’une politique de l’abri. Sur le traitement du sans-abrisme au cours du second XXe siècle.
Pascale Estacahandy, Médecin, coordinatrice nationale « Un chez soi d’abord », DIHAL et Manuel Hennin, directeur de mission « Accompagnement, parcours et accès au logement », DIHAL, La politique du Logement d’abord : les principes à l’épreuve de la mise en œuvre.
Samara Jones, Coordinatrice – Housing First Europe Hub, Changement de système par le logement d’abord: perspective européenne.
Quatrième séance le lundi 7 mars de 9h30 à 12h
Les « sans abri » à l’épreuve de la crise sanitaire
Enfin, cette dernière séance questionnera les ajustements, désajustements ou réajustements de l’action publique en faveur des sans-abri depuis le début de la pandémie. Qu’est-ce que la crise sanitaire a révélé des dispositifs et du travail institutionnel en direction des sans-abri ? Comment les professionnels qui ont été en première ligne dans la mise en application de l’action publique, sont-ils parvenus ou non à protéger les personnes accueillies et à se protéger eux-mêmes ?
Mais ce sont aussi les effets sur les sans-abri eux-mêmes qui seront discutés dans le cadre de ce séminaire. Quelles sont les impacts des mesures prises (comme le confinement) pour faire face à la pandémie ? Quelles sont les conséquences sociales ? Cette séance sera aussi l’occasion de discuter la notion même de « crise » et de réfléchir de nouveau aux liens entre santé et vulnérabilité sociale.
Intervenant·e·s
Marine Maurin Chercheuse à l’ESPASS IREIS, Centre Max Weber et Gabriel Uribelarrea, Sociologue, post-doctorant, Chaire Publics des politiques sociales, Université de Grenoble Alpes, Présentation des résultats de la recherche ANR-COVABRI (Enquête sociologique sur l’engagement institutionnel et l’éthique de l’action des intervenants du médico-social auprès des sans-abri dans le cadre de l’épidémie)
Hélène Martin et Béatrice Bertho, Haute école de travail social et de santé Lausanne (HES-SO), Désappropriations et réappropriations de mesures en direction des personnes sans abri
Observatoire du Samusocial Paris, Effets prédits de la crise sanitaire et « nouveaux publics » manifestes. Les enquêtes de l’Observatoire à l’appui des services d’aide