Revue d’histoire de la protection sociale n°15/2022
La Revue d’histoire
de la protection sociale consacre ce numéro aux nouveaux terrains de
l’économie du welfare au XIXe et XXe siècles. Le
concept d’ « économie mixte du welfare » a émergé au cours des années 1980 pour mettre en valeur
le modèle d’un « secteur
public-privé » tirant sa force de la diversité même de ses composants. Il
constituait une réaction à l’idée que les institutions privées ou paraétatiques seraient plus
efficaces que les administrations publiques pour prendre en charge les
politiques sociales, alors même que les restrictions budgétaires tentaient de
rogner les dépenses publiques, en particulier dans le domaine social. Les historiens de la protection sociale ont
montré que la porosité entre protection privée et protection publique
s’inscrivait dans une chronologie plus longue, remontant
au moins au second XIXe siècle : à ce moment déjà, les
associations charitables jouaient un rôle complémentaire, parfois
palliatif, parfois concurrent de l’assistance publique.
Revue d’histoire de la protection sociale n°14/2021
La RHPS propose à ses lecteurs un numéro de varia qui illustre la diversité des objets et des approches en histoire de la protection sociale. Les deux premiers articles (Jean-François Naudet et Sylvain Bertschy), reviennent sur la fameuse loi de 1898 sur les accidents du travail et ses enjeux, analysant successivement son impact sur le secteur des assurances privées et les projets avortés d’extension au domaine militaire de ce texte fondateur de l’État social français. La contribution de Jean-Pierre Moisset évoque pour sa part un aspect inexploré de la naissance de la Sécurité sociale en 1945, autre moment crucial : l’attitude de l’épiscopat français vis-à-vis de la question de l’intégration des ministres du culte dans le plan français de Sécurité sociale. Continuer la lecture de « Un numéro de Varia sur l’histoire de la protection sociale »
La contribution de la Revue d’histoire de la protection sociale au débat sur les retraites (2020/n°13)
Un aperçu sur un siècle de réformes des retraites en France, tel est le propos de ce numéro, introduit et coordonné par Patrick Fridenson, directeur d’études à l’EHESS.
Offrir des réponses aux questions qui, depuis septembre 2019, revenaient sans cesse dans l’opinion sur la place dans l’histoire française de la réforme des retraites engagée, mettre à disposition un outil permettant de trouver des repères au-delà de l’actualité, proposer un ensemble d’analyses relativement pérennes qui permettent des réflexions ultérieures : tels sont les objectifs de ce recueil. La perspective historique de ce numéro pluridisciplinaire permet de mieux saisir les grands enjeux des réformes des retraites.
L’âge est toujours présent mais il n’est jamais seul. L’articulation entre démographie, solidarité, croissance économique et financement privé ou/et public est toujours au cœur des réformes, mais aussi les nécessaires choix comptables et financiers inscrits dans des options beaucoup plus vastes. Notre système est la conjonction entre une vision globale de la société française, héritage de la Révolution, et la mise en place graduelle de 42 régimes de retraite. Son évolution est donc le produit de deux types de jeux d’acteurs : les uns veulent un régime universel, les autres entendent défendre ou accroître le bénéfice d’un régime particulier. L’articulation entre retraites des fonctionnaires et retraites du secteur privé est un quatrième enjeu et la mise en place d’un régime unifié, assimilant les fonctionnaires aux autres salariés pose deux problèmes au moins : l’uniformisation des conditions de départ à la retraite et du calcul des retraites ; le rôle spécifique de l’État en matière de financement des retraites des fonctionnaires.
Les articles de Pierre Saly, Bruno Valat, Michel Laroque, Christophe Capuano et Vincent Viet éclairent en amont la genèse du modèle français de retraites, qui apparaît formellement en 1945, et son devenir en aval. Les articles de Didier Blanchet et d’Anne-Marie Guillemard replacent le projet actuel de réforme universelle dans l’histoire des réformes des trente à quarante dernières années tout en l’analysant au prisme du futur d’une société du vieillissement et de la longévité. Enfin, pour donner un écho de la multiplication des textes d’actualité publiés par d’autres acteurs que des universitaires et des chercheurs, la rédaction a choisi deux textes fort différents de spécialistes de la protection sociale, François Charpentier et Gilles Johanet, parce que tous deux portaient un regard sur l’histoire des politiques antérieures des retraites. Enfin deux textes de Pierre Laroque, l’un de 1941, l’autre de 1987, apportent un éclairage précieux pour la réflexion actuelle.
La variété des approches retenues dans les différents textes et la période longue qu’ils permettent de mettre en perspective pourront ainsi servir à une meilleure compréhension d’un enjeu aussi central que celui de la réforme des retraites. C’est l’objectif de ce numéro. https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-protection-sociale-2020-1.htm
Un dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale 2019 (n°12)
L’histoire de l’État social italien reste largement méconnue en France où la littérature disponible sur les expériences étrangères est principalement consacrée aux « cas » allemand et britannique.
L’État social italien se singularise par un certain nombre de caractéristiques qu’on retrouve, à des degrés divers, dans les autres pays du Sud de l’Europe : fragmentation et concurrence institutionnelle, faiblesse des moyens de l’État, prédominance des transferts en espèces. On peut les relier aux particularités de la société transalpine : rôle de la cellule familiale, du clientélisme, de l’économie informelle… ainsi qu’au régime politique italien au cours d’un long XXe siècle.
L’ensemble de ces traits, profondément enracinés pour la plupart, dessinent une singularité qu’il est tentant de renvoyer à quelque génie culturel transalpin. Ce numéro entend au contraire rappeler que l’État social italien est, comme ses homologues européens, une construction historique et il importe, pour en rendre compte, de montrer l’inscription à la croisée de deux grands séries de phénomènes : les transformations et évènements transnationaux qui ont affecté l’Europe depuis la fin du XIXe siècle (industrialisation, urbanisation, guerres mondiales, croissance économique d’après-guerre…), et les particularités de l’histoire italienne (unité nationale tardive et imparfaitement réalisée, rôle historique de l’Église et du Parti Communiste, expérience politique et sociale singulière du fascisme, notamment). Les articles qui composent ce dossier s’inscrivent tous dans cette démarche.
Il est fécond d’accorder une attention particulière aux périodes de crise. Celles-ci mettent en effet en lumière le décalage entre les institutions, les façons de penser et d’agir qui les justifient et les nouveaux besoins engendrés par l’évolution économique, politique ou sociale. Les articles réunis dans ce dossier abordent ainsi successivement les décennies qui suivent l’unité italienne (Robin Launay), la Première Guerre mondiale (Paolo Mattera), enfin les années soixante-dix et quatre-vingt du XXe siècle, marquées par la crise économique et l’entrée de l’Italie dans le mouvement international de réforme de la protection sociale (Ilaria Pavan et Gianni Silei).
Outre ce dossier le lecteur trouvera dans ce numéro de la revue deux articles en varia: Accueillir un enfant de l’Assistance publique dans un département dépeuplé? Nourrices et nourriciers des Basses-Alpes sous la IIIe République (Isabelle Grenut) et Une géographie départementale de la protection sociale : les dépenses d’assistance en France (1880-1914) (Antony Kitts), ainsi qu’un hommage de Michel Dreyfus à Henri Hatzfeld et la réédition d’un de ses articles Protection sociale et solidarité. https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-protection-sociale-2019-1.htm
L’histoire de la protection sociale dans les pays d’Europe
centrale et du Sud-Est demeure un thème peu étudié. Les modèles établis
pour rendre compte de l’histoire de l’État-providence occidental ne
conviennent pas pour décrire les formes d’organisation de la protection
sociale dans cette partie de l’Europe. En outre, la plupart des travaux
disponibles dans ce domaine restent calés sur les ruptures que sont les
régimes politiques (régimes impérial, démocratique, autoritaire,
occupation, communisme) ; peu de recherches portent sur une période
couvrant deux régimes. Par ailleurs, les historiographies nationales
minimisent en général le développement de la protection sous les régimes
impériaux au cours du XIXe siècle. Or, les initiatives
réformatrices trouvèrent alors des impulsions diverses entre autonomies
municipales, fondations philanthropiques, mobilisations nationalistes et
essor des sciences sociales.
Ignorant ces césures, les études publiées ici privilégient quatre organisations philanthropiques actives durant une période relativement courte mais décisive, de la fin du XIXe siècle à l’entre-deux-guerres, au cours de laquelle les trois empires qui les réglementaient disparurent au bénéfice d’États nationaux. Les contributions décrivent des institutions diverses : certaines ont un ancrage local fort, comme la première consultation de protection maternelle et infantile, la « Goutte de lait » ouverte à Łodz (Morgane Labbé) ou comme la « Société d’aide aux pauvres et de lutte contre la mendicité » créée à Zagreb et à Belgrade (Stefano Petrungaro). En revanche, d’autres, comme la « Fondation patriotique pour la protection de l’enfant en Grèce » (Vassiliki Theodorou), affichent tôt une ambition nationale. Enfin, certaines, comme l’Alliance israélite universelle (Barbara Lambauer), interviennent dans un espace transnational. L’ambition des recherches réunies ici est d’ouvrir des réflexions nouvelles sur la genèse et la dynamique de la protection sociale dans les sociétés est-européennes. Ce n’est pas seulement une histoire longue de la protection sociale que l’on contribue à restituer, mais aussi la dynamique propre que les associations philanthropiques ont initiée. Le private welfare qui se substitua, ou bien anticipa les systèmes publics longtemps inexistants, joua un rôle important ; il persista dans la plupart des nouveaux États, les deux secteurs coexistant pour composer une économie mixte de la protection. Ce dossier, dont Morgane Labbé a assuré la coordination, entend ainsi contribuer à une histoire comparée et transnationale de la protection sociale.
Un dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale (n°10/2017)
Ce dossier de la Revue d’histoire
de la protection sociale aborde la question du rôle des experts internationaux
dans les politiques sociales au XXe siècle. Il s’interroge notamment
sur la tension qui existe entre l’importance des circulations transnationales
en matière d’idées, d’expertise et de savoir-faire sociaux et la faible
efficacité des régulations sociales internationales.
Pour analyser cette tension, les auteurs,
issus de quatre pays européens, ont sélectionné des associations et
organisations internationales où les questions sociales sont discutées et des
solutions élaborées. Ils mettent en lumière le rôle et le profil des
« experts » impliqués dans ces réflexions. Ils identifient les
blocages, qui ne relèvent pas tous des compétitions entre nations, auxquels ceux-ci
sont confrontés lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les mesures proposées.
Les textes de Olga Hildago-Weber,
Sandrine Kott, Nicole Kramer, Martin Lengwiller et Milena Guthörl, ceux de Lorenzo
Mecchi et Véronique Plata-Stenger se saisissent de cette tension à partir de
débats autour de la sécurité sociale et de la vieillesse et de leur
internationalisation. Tous montrent que les organisations et associations
internationales, ainsi que les experts qu’elles convoquent, jouent un rôle
important pour la mise à l’agenda de certaines questions voire pour
l’élaboration de normes minimales. Mais ils soulignent également que ces
discussions ne parviennent pas à accoucher de véritables régulations sociales
internationales, sans parler même d’une harmonisation ou d’une coordination des
législations nationales ou d’une redistribution sociale globale, pourtant
promise par les politiques de développement. C’est donc en réalité au sein des
frontières nationales et sous le contrôle d’opinions publiques organisées, que
sont élaborées et mises en œuvre les politiques sociales et que s’épanouissent,
là où ils existent, les modèles d’États sociaux dans les trois décennies qui
suivent la Seconde Guerre mondiale.
En dehors du dossier sur
l’expertise internationale, le lecteur trouvera
un hommage à Catherine Rollet, historienne démographe disparue en 2017, signé par Virginie De Luca Barrusse, et la réédition d’un texte de C. Rollet « ‘Ligue contre la mortalité infantile’ et ‘Alliance pour l’accroissement de la population française’ : deux familles de pensée et d’actions ? »
un article de Michel Laroque sur la première campagne d’archives orales du Comité d’histoire de la Sécurité sociale, complété d’un article de Martine Sin Blima-Barru sur les sources complémentaires aux archives orales collectées par le Comité d’histoire.
Un dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale (n°9 /2016) coordonné par Axelle Brodiez-Dolino, chargée de recherche en histoire contemporaine au CNRS-LARHRA.
La Première Guerre mondiale a-t-elle été un incubateur de
l’État social ? Prolongeant l’historiographie sur les origines de
l’État-providence et l’histoire sociale de la Grande Guerre, ce dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale,
inscrit dans le cadre des manifestations du Centenaire, aborde de front les
liens entre guerre et protection sociale.
S’ouvrant sur un riche éditorial confié à Anne Rasmussen pour
reproblématiser la question dans une perspective historiographique, il propose
des analyses portant sur les évolutions en France de l’assistance à l’enfance
(Antoine Rivière), de la lutte antituberculeuse (Vincent Viet), de la
solidarité envers les veuves de guerre (Peggy Bette) et du logement des
victimes du conflit (Romain Gustiaux) ; mais aussi sur la diversité
internationale des approches du problème des mutilés de guerre (Gildas Brégain).
On voit ainsi se transformer en profondeur l’assistance
publique à l’enfance, de l’obligation d’abandon par les parents au placement
temporaire ; se développer dès 1915 la lutte contre la tuberculose, à
rebours de l’historiographie classique qui confère à la Commission Rockefeller
un rôle déterminant ; être forgés un statut et une protection étatique des
veuves de guerre ; se recomposer l’approche de la crise du logement pour
conduire à la loi Loucheur ; se confronter les échelles du problème des mutilés
de guerre, rendant sa résolution chaotique.
C’est donc une histoire plurifactorielle et multi-scalaire
qui est proposée ici, analysant l’évolution non seulement des droits, mais
aussi de la perception nouvelle de ces droits que les citoyens-victimes
acquièrent sur la nation.
Les articles du dossier sont complétés par un article de
Catherine Omnès introduisant le rapport Crinon de 1915 : La Chambre de Commerce de Paris et la question
du placement des mutilés de guerre : le rapport Crinon 1915
En dehors du dossier sur la Grande Guerre, le lecteur
trouvera
Des « ateliers de charité » aux « atelier municipaux ».
Le pouvoir municipal grenoblois face au droit du travail (1846-1848) de Cyrille Marconi
Les orphelinats mutualistes (1860-1930) : une aide à l’enfance hors des
murs de Mathieu Peter
Handicap et dépendance : perspectives historiennes, un dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale (n°8/2015)
Souvent naturalisées par les sciences humaines et sociales, les catégories de handicap et dépendance ne vont pas de soi. En réservant à partir de 1997 la notion de dépendance aux seules personnes âgées, les politiques publiques françaises semblent affirmer que la question de la perte d’autonomie se pose différemment selon l’âge. Les travaux historiens consacrés à ces questions ont longtemps été eux-mêmes marqués par la segmentation, étudiant séparément les vieillards, les infirmes et les malades chroniques et laissant en retrait les problèmes communs à ces différentes catégories de déficience (en particulier, les inégalités sociales qui les frappent). Ce numéro de la Revue d’histoire de la protection sociale, coordonné par Christophe Capuano et Florence Weber, adopte un questionnement plus transversal et entend participer aux débats sur la genèse des politiques sociales. En faisant varier les contextes temporels et nationaux, en focalisant l’analyse sur les processus d’élaboration des modes gestion et sur la construction des catégories, les études aident à mesurer la part du national et du transnational, le jeu des acteurs, le poids des guerres ou des crises. En passant du Paris 1900 philanthropique à la fondation Richard pour les infirmes de 1854 à 1970, puis des mutilés de guerre dans l’Italie fasciste à l’expansion du travail social dans la Chine contemporaine, le lecteur découvre l’historicité de la perte d’autonomie et de ses réponses sociales, loin de toute fatalité médicale, ainsi que les relations qui se nouent, ou non, entre acteurs locaux, histoire nationale et modèles internationaux.
Christophe Capuano et Florence Weber, Introduction au dossier : histoire d’une segmentation française (de la fin du XIXe siècle à nos jours)
Thomas Depecker, Anne Lhuissier, Christian Topalov, Des causes et des œuvres : les lexiques de la bienfaisance en France en 1900
Ugo Pavan Dalla Torre, Entre public et privé : l’assistance aux invalides de guerre et les origines d’un nouveau système de welfare en Italie (1915-1923). Notes et perspectives de recherches
Dominique Dessertine, La fondation Richard. Des infirmes et incurables aux handicapés rééducables (1854-1970
Simeng Wang, Le travail social dans la prise en charge du handicap en Chine continentale (1990-2015)
Christophe Capuano et Florence Weber, L’étrange barrière des 60 ans entre handicap et dépendance. Histoire d’une exception française de la fin du XIXe siècle à nos jours
Henri-Jacques Stiker, Vieillesse, pauvreté et handicap : penser ensemble des populations séparées par l’État providence français au XXe siècle
Catherine Omnès, Aux origines de la réinsertion professionnelle des handicapés : les urgences de la Grande Guerre et la loi du 26 avril 1924
Un dossier de la Revue d’histoire de la protection sociale (n°6/2013). Ce dossier réunit quatre articles :
Frédéric Viguier, Le rôle des associations de lutte contre la pauvreté dans la protection sociale française depuis 1945 : le cas d’ATD Quart Monde
Mehdi Arrignon, Quand les politiques sociales changent. Un bilan des stratégies d’ »activation » et de leurs effets ambivalents sur la protection sociale en France, en Espagne et aux Pays-Bas (1997-2013)
Éveline Thévenard, Faciliter l’accès aux soins des plus vulnérables : l’évolution des « Free Clinics » aux Etats-Unis depuis les années 1960
Anthony Kitts, Le bureau de bienfaisance du Havre sous la IIIe République : entre laïcisation et adaptations (1890-1920)
Dans la rubrique Sources et témoignages, on retrouve un extrait du cours de Paul Durand à l’École nationale d’administration, prononcé le 10 novembre 1947, intitulé « L’organisation de la Sécurité sociale dans les grands pays du monde : la Sécurité sociale face à l’assurance et à l’assistance ». Ce texte est introduit par un article cosigné par Michel Laroque et Oliver Vernier : « En souvenir du professeur Paul Durand, pionnier de l’enseignement de la Sécurité sociale« .